Samedi 29 février : le chef de l’État préside un Conseil de défense puis un Conseil des ministres
censé être consacré aux mesures d’urgence face à l’épidémie de coronavirus. À l’issue de ce
Conseil des ministres, le chef du gouvernement s’est rendu à l’Assemblée nationale pour
annoncer sa décision d’utiliser l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer sans vote le
projet de loi sur les retraites.
Un projet qui vise à en finir avec ce qui constitue la colonne vertébrale des conquêtes de la classe
ouvrière dans ce pays. Un projet rejeté par plus de deux tiers de la population. Un projet qui a déclenché une intense lutte de classe, la grève pendant plus de cinquante jours à la RATP, à la SNCF, qui provoque une résistance qui s’étend à de très larges couches de la population.
Mais ce pouvoir au service des intérêts du capital financier, ce gouvernement de mercenaires des
fonds de pension et des géants mondiaux des assurances, a décidé de continuer et de passer coûte que
coûte. Il mobilise tous les outils les plus réactionnaires des institutions de la Ve République, des institutions bonapartistes, antidémocratiques, issues du coup d’État de 1958.
Pour tenter de faire taire le rejet énorme et sans cesse croissant de sa politique, tenter de briser la
résistance, le gouvernement de Macron a déchaîné depuis plus d’un an et demi une répression sans
précédent depuis la guerre d’Algérie. Il a fait adopter par l’Assemblée nationale des lois liberticides. Et maintenant, face à une réforme massivement rejetée, il recourt à l’arme du 49.3, renforçant encore son isolement. Il se met lui-même à nu. Dialogue, conférences de quelque type que ce soit, concertations…ne sont que balivernes pour amuser la galerie : soit on est d’accord et on a un strapontin pour appliquer, sinon c’est la force brutale sous toutes ses formes. C’est la marque de tout pouvoir autoritaire,massivement rejeté par le peuple.
Aujourd’hui, toute la presse s’alarme des conséquences de cette décision du pouvoir de passer en
force. Pour ce gouvernement, les semaines et les mois qui viennent se transforment en champ de
mines où toutes les décisions qu’il prendra menacent de provoquer l’explosion.
Malgré les obstacles, malgré les hésitations et les atermoiements des directions des organisations
ouvrières, la résistance, le rejet, ne refluent pas. La fuite en avant autoritaire du pouvoir, sa politique au service du capital financier pour liquider chacune des bases de la société fondée sur les acquis de 1936 et de 1945, renforcent chez le plus grand nombre la conviction qu’aucun compromis n’est possible avec ce gouvernement. La haine du président-bonaparte, du système dont il sert les intérêts, croît de jour en jour. La détermination des travailleurs contre ce gouvernement, contre son projet de loi sur les retraites, pour le défaire, est intacte. Tous les problèmes qui ont été posés dans l’intense lutte de classe qui s’est développée tout au long de la dernière période vont resurgir, posant la nécessité du regroupement et de l’organisation.
Paris, le 2 mars 2020