Editorial informations Ouvrières n°424
mercredi 19 octobre 2016
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Le “revenu universel”, ce sauveur ?
Claude Billot-Zeller, membre du bureau national du POI
Le revenu universel : de base, d’existence, de dignité… allocation universelle… Au choix ! De la droite à la gauche, en passant par les écolos, tous sont pour, sous des formes variées. Ils ont des arguments divers : ne plus avoir à chercher du travail pour vivre, ne plus accepter n’importe quelles conditions de travail, faire face à l’augmentation de la précarité, de la misère, éviter l’explosion sociale, « atténuer la violence des mutations économiques, pour protéger la société » (B. Hamon), en finir avec l’aliénation du salariat, réduire le poids de l’activité humaine sur la nature, et aussi alléger les cotisations sociales pour les entreprises, pour le patronat, poursuivre le démantèlement du Code du travail ! Et il y a encore bien d’autres arguments tout aussi intéressants.
C’est l’aveu, c’est la résignation au chômage massif durable, c’est reconnaître l’accroissement des inégalités, c’est aussi une façon de réaffirmer la solidarité face à la misère, aux travailleurs pauvres, aux travailleurs à temps partiel et l’adieu à l’idée d’une société sans chômage.
L’automatisation a détruit des emplois, la numérisation va continuer. Le Conseil national du numérique, à travers ses travaux, s’emploie à repenser la relation entre le travail et la redistribution des richesses. Vaste tâche, pleine d’incertitudes, qui aborde l’éventualité d’une disparition massive des emplois. Avec clairvoyance, ce Conseil national du numérique anticipe « les risques de non-soutenabilité de nos modèles sociaux ».
Là apparaît le sauveur : le « revenu universel » ! Et l’économie numérique, avec le développement des plates-formes de services en ligne et ses travailleurs indépendants, autoentrepreneurs qui ont vu et cru à une planche de salut : Uber (chauffeurs de taxi), Deliveroo (livreurs de repas), Helpling (ménage), et autres. Il n’y a plus d’employeurs, seulement une mise en relation de clients et de prestataires de services. On ne cherche plus un patron, mais des clients. On ne répond plus aux obligations du patron. Plus de couverture sociale (santé, retraite, chômage, droit du travail). Rien ! Les revenus de ces activités ne permettent pas de payer des cotisations. C’est le retour au servage, toujours au profit du capitalisme. Le capitalisme ne veut plus être patron, le revenu universel déresponsabilise le patronat.
Le capitalisme ne veut plus assumer les obligations de l’employeur. La loi El Khomri n’a pas été assez loin pour satisfaire le patronat, il ne veut plus payer les cotisations (charges) ni reconnaître la qualification, la réglementation. Il lui faut en finir avec l’emploi.
L’emploi, ce sont les cotisations, les conventions collectives, le Code du travail, les conquêtes sociales. Un autre danger pour la classe ouvrière est de voir disparaître la valeur du travail, de couper le rapport entre le travail et le revenu. L’emploi est aussi source de richesses et de lien social. La lutte de classe trouve là tout son sens et sa grandeur. Le capitalisme n’imposera pas le revenu universel à la place de la loi du travail, des droits et des acquis sociaux.
Avec les comités de liaison et d’échanges, dans les réunions ouvertes du POI et par son journal Informations ouvrières, la résistance s’organise et la lutte s’affirme.
ici --->IO 424.pdf
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