mercredi 12 avril 2017
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Informations Ouvrières n°448
Le droit de grève plus fort que le droit de vote !
Le droit de grève plus fort que le droit de vote !
Yannick Sybelin Membre du bureau national du POI
Dans une dizaine de jours, nous connaîtrons les noms des deux finalistes qui auront la charge du pays pour les cinq ans qui viennent, si tant est que les conditions soient réunies pour qu’ils puissent gouverner. Rien n’est à exclure, y compris l’entrée de la France dans une crise profonde de régime bloquant les institutions avec toutes les conséquences que cela peut entraîner.
La mythologie gaullienne avait engendré une fiction avec l’instauration de l’élection du président de la République au suffrage universel. Ce devait être la rencontre d’un homme et d’un peuple, selon « Mongénéral » qui cherchait à créer un lien direct entre le candidat et les Français, loin du régime des partis qu’il détestait.
Depuis, nombre de prétendants ont décliné la formule à toutes les sauces, de Valls à Sarkozy en passant par Bayrou.
Aujourd’hui, cette rencontre est plutôt brutale. Entre les enfarinages, les jets d’oeufs, les claques et autres envahissements de salle, le peuple vient rudement interpeller les candidats, quels qu’ils soient, manifestant ainsi une exaspération exacerbée !
Les deux candidats présentés par les deux partis qui se sont partagé le pourvoir depuis l’avènement de la Ve sont là par défaut, à la suite de primaires dont l’objectif, pour ceux qui y participaient, n’était pas le soutien à un programme porté par un homme, mais d’éliminer celui de leur camp qu’ils ne pouvaient plus supporter. C’est ainsi que Sarkozy et Valls y ont laissé leurs illusions.
Ces vainqueurs par défaut sont aujourd’hui en position d’être éliminés dès le premier tour, ce qui fera encore plus vaciller cette Ve agonisante.
Pour le reste, il me semble que la principale valeur en hausse soit l’abstention.
À une collègue, rarement en lutte, qui reprochait à une syndicaliste d’avoir l’intention de s’abstenir, au titre que le droit de vote est sacré, cette dernière lui rétorqua qu’à sa connaissance rien n’avait jamais été obtenu pour les travailleurs par les urnes, et que les conquêtes sociales venaient de la rue et des luttes. Pour cela, il y avait un droit essentiel, conquis par la classe ouvrière, au pris du sang parfois, c’est le droit de grève ! Elle achevait sa collègue en lui assénant : « Si tu t’étais plus souvent servie de ton droit de grève que de ton bulletin de vote, penses-tu qu’on serait dans cette m*** ? »
Quoi qu’on en pense, il y a beaucoup de lucidité dans cette réflexion. Nous l’avons dit et répété, nous le savons tous, il n’y aura pas de sauveur le soir du 7 mai, et comme l’a affirmé Alexis Corbière le 25 mai devant la conférence des délégués ouvriers, même si son candidat venait à être élu, les luttes sociales seront indispensables pour préserver les acquis et conquérir de nouveaux droits.
La prochaine étape sociale sera bien entre les deux tours, le 1erMai, à condition qu’il soit syndical, porteur des revendications, et non pas dévoyé comme tentent déjà de le faire CFDT et consorts.
La constitution d’un Comité national de défense des acquis de 1936 et 1945, décidée le 25 mars dernier par les six cents et quelques délégués, offre à notre classe la perspective politique.
Quel que soit l’usage que vous ferez de votre droit de vote les 23 avril et 7 mai, préparez-vous à utiliser votre droit de grève, et ce, tant que nécessaire !
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