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mardi 13 février 2018

Un gigantesque « plan social » en préparation dans la fonction publique....Le gouvernement veut appliquer « exactement la même méthode que pour la loi travail » (Amélie de Montchalin, députée LREM)

Un gigantesque « plan social » en préparation dans la fonction publique

Lu dans Informations Ouvrières N° 489 du 8/02/2018

Un gigantesque « plan social » en préparation dans la fonction publique

UN “PLAN SOCIAL” DE 120 000 POSTES!

Le gouvernement veut appliquer « exactement la même méthode que pour la loi travail »
(Amélie de Montchalin, députée LREM)


Yan Legoff

Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, n’y est pas allé par quatre chemins lorsque, le 1er février, il a annoncé, contre les fonctionnaires, « un plan de départs volontaires pour ceux qui souhaiteraient partir, conséquence de la réforme de l’État ».
Une telle provocation est sans précédent. Son secrétaire d’État, Olivier Dussopt, a ensuite précisé à la radio qu’il s’agissait, « lorsque l’on restructure », de permettre aux agents de « quitter la fonction publique pour aller vers d’autres horizons »… « Ce qu’on appellerait un plan social dans le privé », lâche crûment le journal financier Les Échos. Macron compte supprimer 120 000 postes de fonctionnaires d’ici à 2022, dont 70 000, a-t-il décrété, dans les collectivités territoriales.
Il foule aux pieds, au passage, la libre administration des communes qui est, en théorie, garantie par la Constitution. « Rêver tout haut de départs massifs alors que tribunaux, commissariats, Ehpad, prisons et hôpitaux hurlent au burn out, aucun prédécesseur de Macron n’aurait osé », écrit l’éditorialiste des Dernières Nouvelles d’Alsace, qui, bien qu’acquis aux objectifs du gouvernement, craint qu’ils ne provoquent une explosion.
Il n’est pas le seul commentateur à s’alarmer de la tension qui monte dans le pays, alors que les signaux de rejet s’accumulent, y compris dans la maigre base électorale de Macron.
L’éditorialiste du Figaro, exprimant les intérêts du capital, écrit que Macron « n’a donc pas d’autre choix que de continuer ».

« TRANSFERTS AU SECTEUR PRIVÉ », « ABANDONS DE MISSIONS »

Les annonces tonitruantes de Darmanin s’inscrivent dans le programme « Action publique2022 », dont le Premier ministre, Édouard Philippe, lors de son lancement, précisait, dans une circulaire gouvernementale du 26 septembre dernier, qu’il impliquerait « des transferts entre les différents niveaux de collectivités publiques, des transferts au secteur privé, voire des abandons de missions ».
Ce 1er février, aux côtés de Darmanin, il appelle cela « réfléchir sans totems, sans tabous au rôle de l’État et de la sphère publique dans la France du XXIe siècle » !

« Les syndicats ont discuté, on a des ordonnances, elles s’appliquent. On veut faire la même chose. » Amélie de Montchalin

 Avec ce « plan social » à grande échelle, c’est un véritable « Big Bang » destructeur que le gouvernement entend engager contre la fonction publique, dont le statut est l’une des grandes conquêtes de 1945, avec la Sécurité sociale.
Ce statut, Macron n’avait cessé de le déclarer « dépassé », « plus adéquat » lorsqu’il n’était que simple ministre.
 Aujourd’hui, son gouvernement entend, dans les faits, lui porter le coup de grâce.
Exactement comme les ordonnances de la ministre Pénicaud ont commencé à le faire avec le Code du travail et les conventions collectives.

« PHASE DE CONCERTATION »

Salaire au mérite, recours généralisé aux contractuels (« Une façon de contourner le statut des fonctionnaires », dit l’AFP), « assouplissement » des règles de gestion des personnels, remise en cause des instances paritaires où siègent les syndicats au nom de « la rénovation du dialogue social »…
Le parallèle est frappant avec les ordonnances.
 S’y ajoute, bien sûr, la « réforme » annoncée des retraites, avec un « régime universel » par points qui creuserait la tombe du Code des pensions et des régimes spéciaux (lire page 5) !
Pour parvenir à ses fins, le gouvernement a annoncé le 1er février l’ouverture d’« une phase de concertation » qui doit durer un an.
« Une parodie de concertation », lance le journal Le Monde dans son éditorial, tout en estimant, concernant le plan de « départs volontaires », qu’« une telle innovation n’est pas une hérésie ».

LA HANTISE D’UNE EXPLOSION

Car Le Monde, s’instituant conseiller social du gouvernement, s’alarme des « conflits récents (ou à venir) dans les prisons, les Ehpad ou les hôpitaux ».
Il aurait pu aussi ajouter la contestation grandissante du projet de « réforme » du bac et de la sélection à l’université (lire pages 4 et 5).
Les syndicats estiment que le bouleversement des études au lycée qui en résulterait entraînerait la suppression de dizaines de milliers de postes d’enseignants.

 « Réformer l’État est nécessaire. Encore aurait-il fallu au préalable un vrai débat », conclut le journal.
Bref, il serait indispensable, pour éviter l’explosion, que les directions syndicales soient associées à l’affaire. La députée macroniste Amélie de Montchalin veut y croire.
Sur France Inter, le 5 février, elle a assuré que le gouvernement appliquerait « exactement la même méthode que la loi travail ».
« Les syndicats ont discuté, on a des ordonnances, elles s’appliquent. On veut faire la même chose », a-t-elle tranché. Y parviendront-ils ? C’est une tout autre affaire…
Ce 6 février, les fédérations de fonctionnaires se réunissent.

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