Informations Ouvrières n°446
Dislocation et facteur d’ordre
Dislocation et facteur d’ordre
Par Jean-Pierre Bréus, membre du bureau national
La crise du système capitaliste conduit chaque jour un peu plus l’Union européenne au bord de la dislocation en même temps qu’elle frappe de plein fouet les partis institutionnels de « gauche » comme de droite qui lui sont soumis. Après la quasi-disparition du Pasok en Grèce, la déroute électorale du PSOE espagnol aux élections de septembre 2016, c’est au tour du PD italien de « sombrer dans le chaos » selon la presse italienne. Le tout dernier en date est le Parti travailliste (équivalent du PS) aux Pays-Bas, qui s’effondre lors des élections du 15 mars. Les partis de droite ne s’en sortent pas mieux, que ce soit aux Pays- Bas ou en Allemagne où la réélection de Merkel n’est pas assurée.
En France, jamais une campagne électorale ne s’est déroulée dans un tel degré de décomposition, jamais les institutions de la Ve République ne sont apparues à ce point comme incapables de remplir leur mission, mater la classe ouvrière et ses organisations. Dans une telle période d’incertitudes, d’absence totale de contrôle de la situation par les dirigeants en place, il est cependant quelques points acquis :
– la crise de régime actuelle trouve son origine directe dans la résistance de la classe ouvrière, dans l’incapacité du gouvernement Hollande à imposer le « dialogue social ». Si les mois de combat contre la loi El Khomri n’ont certes pas empêché son adoption, ils constituent cependant un formidable point d’appui pour les combats actuels et futurs, on l’a vu dans la journée de grèves et de manifestation nationale du 7 mars, à quelques semaines de la présidentielle ;
– quel que soit le président élu (de droite ou de gauche, peu importe a déclaré Gattaz), le capital financier tentera de lui dicter sa politique. Le nouveau gouvernement aura donc une feuille de route toute tracée, en finir, par la loi ou par la force, avec toutes les conquêtes que la classe ouvrière a arrachées dans ses combats, Sécurité sociale, Code du travail, statut de la fonction publique…
– il est fort possible que le président élu ne dispose pas d’une majorité stable, voire d’aucune majorité, il ne pourra alors réussir ce que le capital financier lui dicte que s’il parvient à réaliser ce que le gouvernement Hollande n’a pu faire, « CFDTiser » toutes les organisations syndicales, les transformer d’instruments de défense des intérêts particuliers des travailleurs en instruments de cogestion d’un prétendu intérêt général. Plus que jamais, la préservation de l’indépendance de ces organisations est un objectif majeur des militants ouvriers, un objectif politique que seule la lutte de classe peut permettre d’atteindre ;
– mais cela ne suffit pas. Dans une période de décomposition des partis qui, pendant des décennies, d’« alternance démocratique » en « alternance démocratique », ont mené la même casse anti-ouvrière, la nécessité d’une organisation politique de la classe ouvrière, pour la défense des ses intérêts fondamentaux, est une question centrale. En 2008, des milliers de militants ouvriers ont fondé le Parti ouvrier indépendant, qu’ils n’ont jamais considéré comme un parti achevé, mais comme une aide à la construction de cette force politique. La conférence ouvrière qui s’est tenue le 25 mars, les suites que ses participants lui donneront, participent pleinement de cette construction, elles représentent un puissant facteur d’ordre face à la décomposition d’un monde qui s’écroule.
ici ---> IO 446.pdf
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