Editorial Informations Ouvrières n°445
Qui nous entendra ?
mercredi 22 mars 2017
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Qui nous entendra ?
Le point de vue de Claude Billot-Zeller, membre du bureau national du POI
Qui nous entendra ? Qui nous écoutera ? Aucun, je le crains ! Pour sauver nos acquis de 1936-1945, ils sont à nous, ils ont été gagnés après de grands sacrifices et maintes luttes. La classe ouvrière, elle existe, ne peut compter que sur elle-même pour se défendre et se faire respecter.
Tous les candidats à la présidentielle n’ont qu’un seul maître : le capitalisme puissant, exigeant, prédateur jusqu’au bout. Ce capitalisme qui ne finance pas l’économie réelle, qui met les élus politiques au pas, bien qu’ils soient déjà aux ordres. Le productivisme, la loi du marché et ses mécanismes, la libre concurrence, la compétitivité : c’est la seule loi qui vaille, c’est la victoire des plus forts. Les actionnaires sont les rois, la spéculation enrichit toujours plus les plus riches. Notre gouvernement, celui qui se disait « l’ennemi de la finance », cinq ans après la finance se porte bien, très bien, même encore mieux. L’État choisit de sauver la banque, pas le peuple, lorsque le peuple s’exprime, son vote n’est pas respecté, car il n’y aurait pas d’autre politique possible ? J.-C. Juncker : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »
Le travail : il faut baisser le coût du travail, charges trop lourdes ; M. Gattaz, le Medef, « ni gauche ni droite, seul le résultat compte », réflexion inquiétante, quel résultat, pour qui, comment y parvenir ! C’est une idée fixe, une obsession, depuis le Conseil national de la Résistance ; détruire les acquis. Il réclame la souplesse, la flexibilité, la liberté, celle du renard dans le poulailler. La loi El Khomri n’est pas satisfaisante, mais cette loi convient à tous les candidats à la présidentielle, sauf à Mélenchon qui souhaite son abrogation. C’est cette loi qui a cristallisé la résistance des militants syndicaux et des travailleurs, et a provoqué une mobilisation avec des manifestations pendant des mois, contraignant le gouvernement au recours du 49.3. Ce n’est pas fini. Le 7 mars dernier, des dizaines de milliers de manifestants étaient à Paris, plus les manifestations en province. Les médias ont traité l’événement avec une grande discrétion, la date de la présidentielle approche. Les femmes et les hommes de ce pays ne peuvent pas accepter sans réagir que le Code du travail ne soit plus qu’une coquille vide, que la protection sociale soit réduite a minima et que les syndicats soient neutralisés, jusqu’à l’asphyxie.
Dans le monde, 73 % de la population n’a pas de protection sociale ; seulement 12 % des chômeurs sont indemnisés. En France, 97 % des salariés sont couverts par une convention collective, ça aussi c’est un acquis ! Qui peut croire qu’en 2016 le chômage a diminué ? Le nombre de chômeurs en activité réduite a augmenté de 8,9 %. La pauvreté progresse, plus d’un million de personnes sont contraintes à la survie au seuil de pauvreté !
Douze millions sont en situation de précarité énergétique. Face à la violence de cette réalité, certains de nos députés considèrent « qu’ils ne sont pas bien payés » ; c’est sûrement pour ça qu’ils sont aussi à l’aise avec les deniers publics. Ils perçoivent en un mois ce que certains n’ont pas en une année pour survivre. Cependant, aucune pudeur pour expliquer et voter la nécessité des efforts et de l’austérité qui accablent toujours plus les classes populaires sous diverses formes. L’éloignement ou la disparition des services publics ; l’école, La Poste, l’hôpital… et en conséquence les coûts qui y sont liés.
Le 25 mars, donnons une suite au 4 juin dans l’organisation de la résistance, à la recherche d’une voie politique, sans pour cela que chacune et chacun renient leur appartenance et leur sensibilité. N’attendons rien d’un sauveur suprême, ouvrons le débat qui pourra nous donner conscience de notre force.
cliquez ici ---->IO 445.pdf
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