1er décembre, de 10h00 à midi : deuxième manifestation des « gilets jaunes » à La Tour du Pin (Isère)
La police municipale et la gendarmerie ont sécurisé les routes, interdites d’accès sur le parcours de la manifestation. La manif’ vient de partir du rond-point d’accès à l’autoroute.
Trois tracteurs, conduits par de (très) jeunes agriculteurs, ferment la marche. Sur le panonceau accroché à la fourche avant, dominant la queue de manifestation : « 1 agriculteur sur 3 avec moins de 350 euros par mois. 1 suicide tous les deux jours. LA MORT EST DANS LE PRE ! » De nombreux gilets jaunes sont couverts d’inscriptions, des manifestants portent des pancartes :
«Ceux qui ne sont rien mais qui font tout en ont ras-le-bol », « Macron, lâche mon pognon ! », « Manu, tu pollues notre quotidien », « Macron, tes « réformes » on n’en veut pas ! », « Retraités nous sommes volés, les gros bourgeois sont assistés», « Macron, nous ne sommes pas des vaches à lait », «Justice fiscale : Rends l’ISF d’abord », « Mes impôts ne servent pas à engraisser tes copains », « les riches + riches, les pauvres + pauvres… Céder un peu c’est capituler beaucoup. Arrêter les augmentations sur tout, c’est le peuple qui ne fait que subir, ras-le-bol d’être otages », « Fier d’être un gaulois réfractaire. Taxes = prétexte pour vous et vos copains », « Qui sème la misère récolte la colère ».
Dans le cortège chacun cherche un voisin, un ami, un camarade...
On me frappe sur l’épaule. « Tu me reconnais ? J’étais à la réunion LFI des législatives... » Et nous discutons de nouveau, longuement. Pendant ce temps, plusieurs fois, le mot d’ordre, qui sera le plus repris, est lancé : « Macron démission ! »
Deux marseillaises et un chant des partisans plus loin, le camarade repart avec le « tiré à part » d’IO (que la poste n’a toujours pas livré) et l’appel du CNRR du 10 novembre. Il donne son adresse mél, intéressé par la prochaine réunion du CLRR.
Des camarades qui se sont réunis plusieurs fois en CLRR sont là. Personne d’entre nous ne connaît les organisateurs. Les 500 manifestants forment un cortège compact, « bon enfant » certes, mais déterminé. Deux fois au moins, décembre 1995 contre le plan Juppé refait surface : « Tous ensemble, tous ensemble... »
Un enseignant retraité : « Je m’étais beaucoup impliqué dans LFI… Ce mouvement, cette manif, c’est un vrai bol d’air. J’espère que ça va déboucher sur quelque chose, et ne pas retomber. » Il prend le recto-verso d’IO, et l’appel du 10 novembre. « Vous étiez drôlement nombreux ! C’était où ? »…
D’anciens parents d’élèves viennent saluer la camarade enseignante du POI, récemment retraitée... Un camarade me rejoint. Il a deux IO. L’un est immédiatement acheté par un responsable local de LFI. Un retraité se joint à notre conversation. Il a perdu près de 500 euros sur l’année avec l’augmentation de la CSG. Il est « à l’euro près tous les mois ». Préoccupé par les maladies engendrées par la pollution, il développe le sujet et ajoute : « Ils taxent l’essence pour les voitures, mais les porte-conteneurs, qui polluent des millions de fois plus, ils n’y touchent pas ! ».
On arrive sur la place centrale. Au mégaphone, un organisateur propose 2 minutes de silence : « En faisant du bruit on n’est pas entendus… Essayons le silence. » Tout le monde s’assoit… Et ensuite : Marseillaise.
Monsieur Darmanin s’est récemment répandu sur les ondes afin de tenter de populariser un gros mensonge : sous les gilets jaunes se cacheraient les chemises brunes de l’extrême-droite ! Une insulte qui ne manque pas de sel puisque monsieur Darmanin est ministre d’un gouvernement qui non seulement légalise l’envoi de la police dans les facs au mépris des franchises universitaires, mais de plus permet aux forces de l’ordre d’enfoncer les portes d’un local étudiant parce que s’y étaient réfugiés des migrants, afin d’organiser ensuite le tri sur un seul critère : la couleur de peau !
Juste après la dispersion de la manif’, conversation à bâtons rompus avec deux des cinq organisateurs.
- La Marseillaise, dans ce contexte, ça n’a rien à voir avec le racisme, c’est directement en relation avec 1789, la Révolution : pour le pouvoir au peuple et Macron démission.
- Oui, on avait un peu peur au début… On n’a pas l’expérience. C’est pour ça qu’on s’est adressés aux syndicats. Mais on s’est fait jeter.
- Ça commence à changer. Il faudrait reprendre contact. Se réunir…
- On y pense. Il faut s’organiser… On ne sait pas trop comment faire. Quand on parle d’organisation, certains nous traitent de fachos ! Pourtant, l’organisation, c’est indispensable.
La discussion continue… A partir de la page d’IO et de l’appel du CNRR. Le porte-parole prend le numéro du journal de la semaine passée avec les trois pages de reportage sur les gilets jaunes. Il laisse son adresse mél pour pouvoir être invité à la prochaine réunion de CLRR.
Le correspondant local d'IO
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