Informations Ouvrières n°546
Jusques à quand ?
mercredi 27 mars 2019
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Mercredi 27 mars 2019
Le point de vue de Élisabeth Narcy, membre du bureau national du POI
Le point de vue de Élisabeth Narcy, membre du bureau national du POI
Jusques à quand ?
Élisabeth Narcy, membre du bureau national du POI
« Cette foule est anonyme. Elle n’a pas de chefs, pas de meneurs (…). Mais c’est précisément la puissance de cette révolution qu’elle est faite par la moyenne des hommes, c’est-à-dire par tout le monde et qu’elle ne dépend pas de quelques cervelles de génie.
Les travailleurs n’ont pas besoin de grands hommes pour s’apercevoir que leur misère a survécu à tous les changements de régime. Depuis le commencement du siècle, il n’est pas de forme gouvernementale que la France n’ait expérimentée, pas de parti politique à qui elle n’ait fourni les instruments du pouvoir, et cependant l’impôt a crû sans cesse, et des services de l’État, aucun n’a subi une transformation.
(…) La classe moyenne n’a pas besoin non plus de grands hommes pour reconnaître qu’elle est absorbée chaque jour par les puissances financières et refoulée dans le prolétariat comme au Moyen Âge les petits propriétaires furent réduits par la féodalité à la condition de serfs d’origine. »
Ces lignes ont été écrites en 1871 par Prosper-Olivier Lissagaray, qui se présentait lui-même comme « un ancien combattant » de la Commune de Paris, « un simple du rang ». Aujourd’hui, près de cent cinquante ans plus tard, elles trouvent toute leur résonance dans le mouvement des Gilets jaunes, dans la révolte de ceux qui « n’en peuvent plus, n’en veulent plus ».
Cela fait dix-neuf semaines qu’ils sont toujours là ; le jeune et frétillant banquier qui voulait mettre « en marche » la République n’a réussi qu’à faire marcher infatigablement ceux qui veulent son départ, qui veulent vivre, défendre leurs droits. « Notre objectif n’est pas de détruire mais, bien au contraire, de construire un monde plus humain pour nous et les générations futures », écrivent les Gilets jaunes de Saint-Nazaire.
Peut-on parler de révolution ? La crise de l’État ne cesse de s’aggraver : le Sénat, à majorité de droite et à l’origine de la loi scélérate dite « anti-casseurs », cite en justice des hauts fonctionnaires de l’Élysée… Partout se manifeste le pourrissement de la Ve République, la décomposition de ses institutions. Alors, jusques à quand ? Les directions du mouvement ouvrier n’apportent aucune réponse à la révolte qui monte, qui s’exprime dans les instances syndicales, dans la volonté de résister. Ce qui est à l’ordre du jour pour le gouvernement, c’est la destruction de tout ce qui a été conquis par la lutte de classe, en 1936, en 1945. Ce qui est à l’ordre du jour pour les travailleurs, c’est l’organisation de la résistance, de la reconquête de tous ces acquis. Et cela est vrai en France, comme dans tous les pays où monte la colère des peuples, des travailleurs, face à l’impérialisme, à l’oppression : Algérie, Brésil, Venezuela, Serbie…
Le 30 mars, les comités de résistance et de reconquête tiendront leur convention nationale ; le 6 avril aura lieu à Saint-Nazaire « l’assemblée des assemblées » des Gilets jaunes. Partout se dégage la volonté de trouver l’issue politique. Comme le dit un délégué au 30 mars : « Ce n’est pas le courage, la volonté qui manquent pour affronter cette situation, mais nous devons nous demander comment faire pour parvenir à en finir avec cela. »
Élisabeth Narcy, membre du bureau national du POI
« Cette foule est anonyme. Elle n’a pas de chefs, pas de meneurs (…). Mais c’est précisément la puissance de cette révolution qu’elle est faite par la moyenne des hommes, c’est-à-dire par tout le monde et qu’elle ne dépend pas de quelques cervelles de génie.
Les travailleurs n’ont pas besoin de grands hommes pour s’apercevoir que leur misère a survécu à tous les changements de régime. Depuis le commencement du siècle, il n’est pas de forme gouvernementale que la France n’ait expérimentée, pas de parti politique à qui elle n’ait fourni les instruments du pouvoir, et cependant l’impôt a crû sans cesse, et des services de l’État, aucun n’a subi une transformation.
(…) La classe moyenne n’a pas besoin non plus de grands hommes pour reconnaître qu’elle est absorbée chaque jour par les puissances financières et refoulée dans le prolétariat comme au Moyen Âge les petits propriétaires furent réduits par la féodalité à la condition de serfs d’origine. »
Ces lignes ont été écrites en 1871 par Prosper-Olivier Lissagaray, qui se présentait lui-même comme « un ancien combattant » de la Commune de Paris, « un simple du rang ». Aujourd’hui, près de cent cinquante ans plus tard, elles trouvent toute leur résonance dans le mouvement des Gilets jaunes, dans la révolte de ceux qui « n’en peuvent plus, n’en veulent plus ».
Cela fait dix-neuf semaines qu’ils sont toujours là ; le jeune et frétillant banquier qui voulait mettre « en marche » la République n’a réussi qu’à faire marcher infatigablement ceux qui veulent son départ, qui veulent vivre, défendre leurs droits. « Notre objectif n’est pas de détruire mais, bien au contraire, de construire un monde plus humain pour nous et les générations futures », écrivent les Gilets jaunes de Saint-Nazaire.
Peut-on parler de révolution ? La crise de l’État ne cesse de s’aggraver : le Sénat, à majorité de droite et à l’origine de la loi scélérate dite « anti-casseurs », cite en justice des hauts fonctionnaires de l’Élysée… Partout se manifeste le pourrissement de la Ve République, la décomposition de ses institutions. Alors, jusques à quand ? Les directions du mouvement ouvrier n’apportent aucune réponse à la révolte qui monte, qui s’exprime dans les instances syndicales, dans la volonté de résister. Ce qui est à l’ordre du jour pour le gouvernement, c’est la destruction de tout ce qui a été conquis par la lutte de classe, en 1936, en 1945. Ce qui est à l’ordre du jour pour les travailleurs, c’est l’organisation de la résistance, de la reconquête de tous ces acquis. Et cela est vrai en France, comme dans tous les pays où monte la colère des peuples, des travailleurs, face à l’impérialisme, à l’oppression : Algérie, Brésil, Venezuela, Serbie…
Le 30 mars, les comités de résistance et de reconquête tiendront leur convention nationale ; le 6 avril aura lieu à Saint-Nazaire « l’assemblée des assemblées » des Gilets jaunes. Partout se dégage la volonté de trouver l’issue politique. Comme le dit un délégué au 30 mars : « Ce n’est pas le courage, la volonté qui manquent pour affronter cette situation, mais nous devons nous demander comment faire pour parvenir à en finir avec cela. »
cliquez ici ---->IO 546.pdf
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