Editorial Informations Ouvrières n°496
74 %
mercredi 28 mars 2018
par
par
Cécile Kohler, membre du bureau national du POI
À la veille du 22 mars, un sondage pour BFM TV indiquait que 74 % des Français trouvent la politique du gouvernement injuste.
Une politique qui mène à ce que les hôpitaux tuent : en Guadeloupe, plusieurs dizaines de morts ces derniers mois par « manque de matériel ». En France, la présidente de la Société française de médecine d’urgence, la docteur Agnès Ricard-Hibon, déclare au Parisien (25 mars) : « Aux urgences, l’attente d’un lit d’hospitalisation sur un brancard tue. » Selon le quotidien, depuis le début de l’année, sur l’ensemble du territoire, 220 patients, par nuit, dorment sur des brancards.
Une politique qui, dans la continuité des gouvernements précédents, multiplie les contre-réformes pour liquider, à marche forcée, les services publics et tous les acquis de 36 et de 45.
Le 22 mars, des centaines de milliers de fonctionnaires, cheminots, retraités, étudiants et lycéens ont manifesté pour défendre les services publics, les garanties statutaires, les diplômes nationaux, l’école républicaine.
Les cheminots se sont mis en grève massivement, les assemblées générales étaient nombreuses, « soudées autour de l’exigence du maintien du statut, du refus de la transformation en société anonyme et de l’ouverture à la concurrence » (déclaration du bureau national du POI du 25 mars).
Le lendemain, à Bruxelles, le président Macron, qui s’apprête à recourir de nouveau aux ordonnances, déclare que ces mouvements « ne sont pas de nature à conduire le gouvernement à revenir sur ce qui a commencé à être mis en oeuvre ».
Une déclaration qui résonne comme celle du ministre Juppé « droit dans ses bottes » en 1995, balayé par le mouvement puissant des cheminots et la mobilisation de l’ensemble des travailleurs dans le pays pour défendre la Sécurité sociale et les retraites.
Certains annonçaient une faible mobilisation, donnant d’avance une explication : les travailleurs n’iront pas car ils craignent l’absence d’issue politique et la menace de la montée de l’extrême droite.
Les centaines de milliers de travailleurs qui se sont mobilisés leur ont donné tort. La peur n’est pas de leur côté.
Que certains le veuillent ou non, le 22 mars marque une rupture avec le gouvernement Macron. Il marque le refus de la « concertation » avec ce gouvernement aux ordres du capital. Il marque la volonté de préserver l’indépendance des organisations syndicales.
Le 23 mars, les personnels d’Air France se sont mis en grève. Le 30, une grève massive s’annonce à Carrefour. Le 3 avril, les cheminots se réunissent en assemblées générales pour se mettre en grève et décider des modalités de la reconduction.
Dans cette situation, tout le monde se pose la question : comment faire plier ce gouvernement qui ne tient pourtant qu’à un fil ?
Informations ouvrières a toute sa place pour mener largement cette discussion.
Est-elle dans « l’union des gauches » avec le mouvement de Hamon, « Génération.s » ? Hamon, ministre de l’Éducation du précédent gouvernement, dégagé et balayé au premier tour de la présidentielle ? Avec Pierre Laurent qui, à peine les résultats du premier tour publiés, a appelé à voter Macron ? Avec ceux qui ont participé à la mise en place de RFF (le ministre Gayssot, PCF, en 1997) ?
Est-elle dans la poursuite de la construction du rapport de force, sur le terrain de la lutte de classe ?
Est-elle dans la construction d’une force politique indépendante, véritable représentation de la classe ouvrière ?
C’est l’enjeu des discussions dans les réunions du POI mais c’est aussi l’enjeu des discussions dans le Comité national de résistance et de reconquête qui s’est tenu le 24 mars et qui vont se poursuivre dans les comités départementaux auxquels participent des militants de tous horizons.
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