Editorial Informations Ouvrières n°525
Qu’est-ce qui permettra de faire reculer le gouvernement ?
mercredi 17 octobre 2018
Qu’est-ce qui permettra de faire reculer le gouvernement ?
Franck Servel, membre du bureau national du POI
Informations ouvrières titrait la semaine dernière « Plus d’une semaine pour remanier le gouvernement… » À l’heure où cet éditorial est écrit, lundi 15 octobre au soir, force est de constater qu’il aura donc fallu une semaine de plus pour que Macron et Édouard Philippe se mettent d’accord sur un nouveau gouvernement. Cela montre l’ampleur de la crise au sommet de l’État, après les démissions de Collomb et de Hulot, l’affaire Benalla… Un article du journal Le Monde du 12 octobre se conclut par : « Un “nouveau monde” qui a aussi redécouvert, à l’occasion de ce long remaniement, l’importance de la relation entre l’Élysée et Matignon, coeur du réacteur de la Ve République. Un réacteur à manier avec précaution… » Ils sont tous inquiets de la fragilité du gouvernement, mais les institutions de la Ve République permettent cependant à Macron, même affaibli, de tenir.
Le chef de l’État a d’ailleurs été clair : l’équipe est remaniée, mais la ligne politique sera inchangée. D’ailleurs, alors qu’il n’avait pas encore réussi à former son nouveau gouvernement, le président annonçait le 10 octobre avec Delevoye la liquidation des quarante-deux régimes de retraite existants pour instaurer à la place un système universel de retraite par points !
Qu’est-ce qui permet donc à Macron, qui n’a jamais été aussi isolé, de poursuivre dans la voix du démantèlement des conquêtes collectives ? Il bénéficie des institutions de la Ve République, des partis qui se sont adaptés à ces institutions, certains cherchant une issue dans des élections européennes « réussies », ce qui produit des crises au sein de ces partis. Macron utilise de son côté ces élections pour se présenter comme le chef des « progressistes » contre les « nationalistes » comme Orban ou Salvini, le même Macron qui s’est refusé à recevoir le navire Aquarius à Marseille. Et avec ce qui se passe au Brésil, à la suite de la décision frauduleuse d’écarter Lula, avec l’arrivée en tête du premier tour de l’élection de Bolsonaro, candidat de l’extrême droite soutenu par l’impérialisme, nul doute que les pressions vont redoubler sur le mouvement ouvrier pour dire « si Macron ne réussit pas, vous aurez Le Pen ».
Il y a donc une pression considérable sur les dirigeants des organisations syndicales pour les amener à abandonner leurs revendications et les entraîner sur des « propositions sociétales » liquidant leur indépendance de classe. La situation est explosive – il suffit de constater le revers historique en Bavière pour la CSU, parti allié d’Angela Merkel –, alors le gouvernement est prudent : sur le dossier sensible des retraites, Delevoye a annoncé que des rencontres bilatérales pourraient durer jusqu’au printemps 2019, soit plus que prévu initialement.
Qu’est-ce qui permettra de faire reculer le gouvernement ? Un grand débat avec des « propositions alternatives » ou la grève unie sur des revendications claires, contre le projet du gouvernement de retraite par points, pour la défense de tous les régimes particuliers ?
Mais pour créer les conditions de l’affrontement, il faut construire une force politique qui aidera à déjouer les tentatives d’intégration des organisations syndicales à la mise en oeuvre de la politique du gouvernement. C’est tout l’enjeu de la réussite du rassemblement du 10 novembre à Paris, où nous voulons réunir avec le Comité national de résistance et reconquête deux mille militants ouvriers pour construire cette force politique, avec tous ceux qui veulent résister, et qui s’expriment chaque semaine dans les pages Tribune libre d’Informations ouvrières. Inscrivez-vous, abonnez-vous !
cliquez ici ---->IO 525.pdf
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire